[Pérou] 04-08 Sept: L’incroyable traversée ouest-est de la Cordillera Blanca!

La Cordillère Blanche c’est 50 pics à plus de 5700 m dont 22 sommets à plus de 6000 m, répartis sur une chaîne de 22 km de large et 180 km de long. En comparaison l’Amérique du Nord ne compte que 3 sommets supérieurs à 5700 m et l’Europe aucun bien sûr ! Autant dire que cette région du Pérou attire une foule d’alpinistes et randonneur.

Après cette très courte halte à Caraz, nous voulons donc nous lancer dans la traversée à vélo de cette célèbre Cordillère Blanche, pour passer de la vallée ‘Callejon de Huaylas’ où nous sommes, à son versant occidental, la vallée ‘Callejon de Conchucos’. Il n’existe que 2 pistes possibles : on choisit celle au départ de Yungay qui passe par la vallée des lagunas Llanganuco avec vue, entre autre, sur le Huascaran (6768 m) – plus haut sommet du Pérou – le Chopicalqui (6354 m) et le Huandoy (6356 m).

Caraz–Huashao - 28 km, 930m D+

Première étape de la journée : aller jusqu’à Yungay. La carte Michelin indique 43 km, celle de l’office du tourisme de Caraz 12 km. C’est cette dernière qui aura raison et tant mieux, cela nous permet de commencer l’ascension vers la Cordillère plus tôt que prévu.

Départ de Caraz pour les 12 premiers et derniers km de goudron jusqu’à Yungay.

Un peu de plat, ça ne fait pas de mal.

Direction les sommets enneigés !

Sur la piste partant de Yungay pour rejoindre le Parc National Huascaran, l’excitation est mêlée d’appréhension. Les sommets enneigés se dessinent au loin, les nuages sont lourds et le vent se fait de plus en plus fort. On se demande un peu dans quoi on s’embarque…

Il faut faire face à la mauvaise piste et le vent qui commence à souffler.

Arrivés dans le petit village de Huashao, nous cherchons à trouver des gens susceptibles de nous ouvrir l’école pour que l’on puisse dormir dedans. Au détour de la cour de récréation, Marie demande à une dame si elle connait quelqu’un de l’école. Cette dernière répond : ‘’Pourquoi dormir dans l’école alors qu’il y a plein de place chez moi !’’. Nous nous retrouvons donc chez Jenny qui nous offre un toit pour la nuit.

Détente-pause goûter dans le jardin de Jenny avant d’investir nos quartiers.

Le Huandoy (6356 m) se dégage en fin de journée.

On profite des derniers rayons de soleil.

Huashao–Laguna Llanganuco (la 2^ème) - 18 km, 705m D+ 

L’excitation est à son maximum, aujourd’hui nous allons rentrer dans le parc. Le plan est d’aller jusqu’aux lagunes situées au bas du col pour se caler un super petit bivouac. Nous savons qu’il n’y a pas beaucoup de kilomètres, nous prenons donc notre temps le matin. Cette étape se révèlera pour finir bien difficile avec encore une piste vraiment impraticable !

Debout les mecs !

Levé de soleil sur le Huascaran (6768 m), le plus haut sommet du Pérou.

Photo souvenir avec Jenny et son fils.

On se sent tout petit à côté du Huascaran.

Entrée dans le Parc Huascaran.

Un petit exemple de la logique Péruvienne : l’entrée dans le Parc Huascaran coûte 5 Soles mais seulement pour une traversée d’un jour (que ce soit en camion, en bus ou en soucoupe volante). Pour plus d’une journée, il faut payer le forfait ‘’adventure’’ qui coûte 65 soles par personne! Comme il est hors de question de payer ce prix, nous certifions aux gardiens que l’on va faire la traversée en une journée (il est déjà 11h30) en se disant qu’on négociera plus tard d’éventuels contrôles… et ça marche, ils pensent vraiment que l'on va pouvoir faire les 1500 m de dénivelé positif ainsi que la descente de l’autre coté, le tout représentant environs 60 bornes de piste avant la nuit ???? Il nous faudra 2 jours et demi pour tout faire!

Jenn a le sourire mais en fait on en bave sérieusement…

La Laguna Llanganuco (3800 m).

A la recherche du spot de bivouac.

La classe !

Normalement il est censé y avoir un terrain de camping avec toilettes et eau potable. Au lieu de cela on se retrouve avec un champ de bouse de vache et des toilettes condamnées. Heureusement qu’on a le filtre à eau et une rivière pas bien loin.

C’est là le spot pour la nuit !

On s’étire car demain on s’attaque au col à 4730m.

Laguna Llanganuco (la 2^ème)–Bivouac à 4400m après le col- 22 km, 840m D+

La nuit a été courte et personne n’a dormi de la meilleure des manières. Sûrement un peu de stress avant cette étape. On se lève avant le soleil, on avale un bol d’avoine dans le vent et on plie le campement. Il faut qu’on puisse prendre le temps de grimper. Le dénivelé n’est pas très élevé (840 m) mais c’est plutôt l’altitude qui nous inquiète.

Debout 5h15, départ 7h pour être large pour le passage du col.

Les paysages sont mythiques !

On a déjà pas mal pris de hauteur depuis la lagune.

On ne s’en lasse pas !

Malheureusement, à 4400 m Marie ne se sent pas bien. Un énorme point de coté sur le flanc gauche qu’elle se traine depuis 1h sans rien dire. Nous faisons une pause et nous relayons avec son vélo pour qu’elle puisse marcher tranquillement. Nous trouvons un endroit sûr et arrêtons un camion pour qu’elle puisse passer le col et redescendre de l’autre côté à une altitude plus clémente.

Chargement des vélos de Marie et Olivier dans le camion.

Nous continuons seuls, un peu attristés par la ‘perte’ de nos deux compagnons. Finalement, les derniers virages s’enchaînent plus facilement que prévu et la dernière partie se passe sans encombre. Olivier et Marie auront vraiment fait le plus dur!

Un dernier effort mon petit dou’ !

Et oui on a monté tout ça !

Pause contemplative en haut du col à 4730 m : qui aurait cru qu’on irait si haut avec nos petits vélos ?!

Bon ben il n’y a plus qu’à redescendre maintenant !

Marie et Olivier nous attendent un peu plus bas pour le bivouac.

Installation du bivouac à 4400 m : un bon test au froid pour le matériel. La lagune d’à côté nous fournira l’eau nécessaire pour la popote.

Bivouac à 4400m après le col– Yanama - 29 km, 100m D+

Couchés à 18h la veille pour prendre un repos bien mérité, nous nous réveillerons sous une toile de tente complètement glacée. Tout a gelé dehors, même le seau d’eau de la vaisselle! Nous, nous avons passé une excellente nuit, bien au chaud dans nos super duvets. 

Réveil givré.

La tente Quechua fait un peu la gueule mais tient bon !

Nous attendons tranquillement que le soleil se lève pour faire sécher les affaires. Jenn trouvera même du givre sur son duvet. Puis nous nous laisserons descendre sur les gros cailloux de la piste jusqu’à Yanama où nous arriverons en début d’après-midi.

Yanama en vue.

Le célèbre Nevado Alpamayo (5947 m) considéré par certains comme l’une des plus belles montagnes du monde !

Yanama– Llacma - 24 km puis transfert bus jusqu’à Chavin

En interrogeant les gens le matin sur la place, on se rend vite compte qu’il n’y a pas de bus qui partent  de Yanama pour aller à Chavin. Il nous faut aller à la jonction plus bas appelée ‘’Llacma’’ et de là il semblerait qu’un bus venant du Nord irait à Chavin (on ne sait pas à quelle heure mais bon…). Ne trouvant pas non plus quelqu’un pour nous descendre jusque là, du moins pour un prix raisonnable, comme c’est ‘ pura barata’ yallah on y va à vélo.  

Vue depuis la terrasse de notre Hôtel.

Un bon petit déj’ pour bien commencer la journée : pour une fois on a du pain, ça change de l’avoine !

A défaut d’un bus pour nous descendre à Llacma on y va à vélo !

Et ça vaut le coup !

Un dernier regard sur la belle silhouette pyramidale de l’Alpamayo.

Il est 11h et nous voilà postés à la fameuse jonction en attendant un bus pour Chavin qui, quisas, passera. Il fait très chaud, on mange la poussière, on a oublié d’acheter de quoi pique-niquer et nos tentatives  de stop avec les quelques véhicules qui passent sont infructueuses… Mais heureusement au Pérou tout s’arrange toujours : la dame qui tient la Bodega veut bien nous préparer un arroz a la cubana (riz-œufs-banane plantain) dans sa cuisine et l’inespéré bus pour Chavin arrivera finalement à 16h30.

Llacma : son pont, sa bodega, sa poussière et son trafic routier inexistant.

C’est donc après 5h30 d’attente au soleil dans la poussière, suivi de 4h de bus sur une route bien cahoteuse et vertigineuse (on est repassé par un col à 4300 m) que nous débarquons à Chavin de Huantar. Yes ! We did it !!